Saturday, December 30, 2006

RE: Canadian prof in China infuriates censors (Globe and Mail, December 30)

As a student in Fudan University's Philosophy Department's History of Ancient Chinese Thought program, I read a lot of Confucianism and the contemporary commentaries on those writings. There was much debate in China in the early-20th century about whether certain passages in Mencius and in Mozi could be rightly interpreted to suggest latent support by the ancients for liberal democratic institutions and the rights discourse. My Canadian interpretation of the classical Chinese texts supports this idea too. My reasoning is simply that human rights doctrine has at its core respect for human dignity and because dignity is the central Confucian value, modern Confucians should oppose authoritarianism. Political democracy is defined by the UN's Universal Declaration of Human Rights as a key entitlement of all citizens of every country. At the very least there is nothing in the Confucian classics that suggests that Confucius would not be a supporter of democracy and human rights were he alive today. But there are lots of reasons to suggest that Confucius would not apply for membership in the Chinese Communist Party.

Charles Burton
Brock University
905-329-9477


Wednesday, December 06, 2006

Jean-François Lesage: "Sous l’ombre chinoise…"

Sous l’ombre chinoise…


Monsieur André Pratte,

Dans votre éditorial du 20 novembre (Ombres chinoises) vous affirmez que les démarches du gouvernement canadien en matière de droits la personne en Chine devraient être fondées sur « un dialogue soutenu, large et respectueux ». Un tel dialogue sur les droits de la personne existe déjà entre nos deux gouvernements depuis près dix ans. En 1997, le Canada cessait de parrainer une résolution condamnant la Chine à la Commission des droits de l’homme des Nations unies, pour se lancer dans une politique de diplomatie tranquille. Une évaluation indépendante de ce dialogue bilatéral, commandée par le gouvernement précédent, a été rendue publique en avril dernier *. On y conclut que les résultats de ces échanges sont désolants. Après neuf rondes de dialogue, l’évaluateur, le professeur Charles Burton de l’Université Brock, constate que le processus fait l’objet d’un cynisme généralisé. L’interlocuteur du Canada dans cette démarche, le ministère des Affaires étrangères chinois, ne semble pas être le bon. En effet, le mandat de ce ministère est de défendre les intérêts nationaux de la Chine à l’étranger et non de promouvoir les droits de la personne sur le territoire chinois. L’évaluateur observe également que les responsables du Parti communiste chinois, qui disposent d’un pouvoir décisionnel sur ces questions, n’ont jamais participé au dialogue. Ce processus n’est donc pas satisfaisant dans sa forme actuelle et peut être amélioré.

Devant un tel constat, une nouvelle approche, moins tranquille, plus véhémente, qui ferait place à des critiques franches ne serait pas mal venu. L’amitié sino-canadienne, symbolisée par le médecin montréalais Norman Bethune, exige, comme toute grande amitié, que les critiques ne soient pas simplement balayées sous le tapis. Comme vous le soulignez, il ne suffit pas d’une déclaration fracassante, il faut aussi adopter une politique cohérente incluant tous les aspects de notre relation avec la Chine, dont le commerce et les droits de la personne. La théorie à l’effet que les droits de la personne et le commerce ne font pas bon ménage est fausse. Ceux qui redoutent les conséquences économiques d’une approche plus ferme en matière de droits de la personne ne devraient pas sous-estimer le pragmatisme des Chinois : ils achètent toujours le meilleur produit au meilleur prix (même si celui-ci devait se trouver au Soudan…).

J’ai vécu six ans à Pékin et je me suis souvent enthousiasmé pour le miracle économique chinois et pour cette société en mutation qui progresse indéniablement vers une ouverture de plus en plus grande. Mais derrière ce miracle, se profile une ombre qu’on ne peut ignorer.

Je pense d’abord à cette ombre dans la neige tracée par le corps de la novice Kelsang Namtso, une Tibétaine de 17 ans, tuée par des gardes frontières chinois le 30 septembre dernier, alors qu’elle tentait de quitter le Tibet pour le Népal, afin d’y poursuivre son éducation religieuse. Nous avons été informés de cette disparition uniquement parce que des alpinistes occidentaux passaient par là.

Et que dire de l’obscurité dans laquelle est plongé Chen Guangchen, un juriste aveugle, emprisonné pour avoir voulu plus de justice dans son pays. Après avoir identifié des cas de stérilisation et d’avortements forcés, il avait intenté un recours contre les autorités de la ville de Linyi. On l’a accusé d’avoir troublé l’ordre public. Ses avocats ont été arrêtés pendant le procès et il a été condamné à quatre ans de prison. À la suite de pressions internationales, Chen attend un nouveau procès.

Je pense aussi à la silhouette d’Huseyin Celil sur le mur de sa cellule. Il s’agit d’un Canadien de 37 ans, père de quatre enfants. Celil est d’origine uïgour, la minorité musulmane et turcophone de la région autonome du Xinjiang au Nord Ouest de la Chine. Celil a été admis au Canada en 2001 à titre de réfugié politique. Le gouvernement chinois ne fait pas de différence – surtout depuis le 11 septembre 2001‑ entre une personne qui milite pacifiquement pour l’autonomie du Xingjiang et un terroriste. En août dernier, il a été déporté en Chine par l’Ouzbékistan, où il était allé visiter sa famille. Il est depuis détenu incommunicado en raison de présumés liens terroristes. En contravention de la convention de Vienne, la Chine a refusé tout accès à ce détenu aux diplomates canadiens. Les risques que Celil soit torturé en détention sont élevés.

Enfin, je pense à ces centaines de prisonniers de conscience en Chine qui passeront les Olympiques de 2008 en prison. Pour eux, les remarques, sans doute un peu intempestives, du premier ministre Stephen Harper, après l’annulation d’un rendez-vous avec le président chinois, offrent une lueur d’espoir, peut-être vacillante, mais une lueur quand même, sous l’ombre d’un géant.

Les droits de la personne ne sont pas des valeurs canadiennes devant être exportée vers la Chine mais des droits universels. Nous ne pouvons pas appuyer uniquement la Chine des affaires, il faut appuyer les citoyens chinois dans leur quête de plus de démocratie et d’un plus grand respect des droits de la personne.


Jean-François Lesage

* Évaluation du dialogue bilatérale Canada-Chine sur les droits de la personne, rapport préparé en exécution de la lettre d’entente 12800 CB du ministère des Affaires étrangères et du Commere international datée du 1er août 2005 par Charles Burton.

L’auteur est agent régional de programme pour l'Asie à Droits et Démocratie. Il développe en Chine des projets qui font la promotion des droits humains et du développement démocratique avec la société civile chinoise et des institutions gouvernementales